Rideau Trail – Il pleuvait des chenilles au parc provincial de Murphys Point

***Cet article fait partie de ma série d’articles sur ma longue randonnée sur la Rideau Trail dans l’est ontarien. Pour lire tous mes articles de cette série, cliquez ici.***

Après une pause de près de deux mois et une randonnée de longue distance en Irlande, j’étais bien heureuse de retrouver la Rideau Trail et ses paysages familiers. Et comme j’ai toujours l’intention de la terminer en entier avant la fin de l’année, il fallait que je m’y remette!

La dernière fois, j’avais arrêté ma randonnée au moment où j’arrivais au parc provincial de Murphys Point. En avril, j’avais bien tenté de parcourir la portion de la Rideau Trail qui passe par le parc provincial, mais je m’étais retrouvée face à une barrière fermée. Le parc n’était pas encore ouvert pour la saison, et j’avais dû me contenter d’explorer les jolies écluses de Beveridges non loin.

Mais bon, nous sommes maintenant en juin, il fait chaud, il fait beau et le parc provincial est maintenant ouvert pour la saison. Yé!

Rideau Trail
Contente de te retrouver, Rideau Trail!

Je dois avouer ici que j’étais un peu anxieuse à l’idée de parcourir la Rideau Trail dans le parc provincial de Murphys Point. C’est qu’en plus de ses vieux bâtiments et de ses mines abandonnées, le parc provincial est reconnu pour sa population importante de serpents élaphes (Pantherophis obsoletus, ou Black Rat Snake en anglais), le plus gros serpent au Canada. Et comme je n’aime vraaaaaiment pas les serpents, l’idée de me retrouver face au plus gros spécimen du pays m’angoissait un peu.

Mais j’ai un objectif à atteindre, serpent ou pas, et j’ai donc rejoint le point où j’avais arrêté ma randonnée la dernière fois pour commencer à traverser le parc provincial.

Parc provincial Murphys Point
Tout est vert!

Murphys Point est situé à la frontière sud du bouclier canadien, en faisant donc un endroit géologiquement intéressant. Le sentier passe par plusieurs escarpements rocheux et contourne quelques étangs à castor. Rien de très escarpé, mais assez pour s’assurer de bien regarder où on met les pieds.

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De toute façon, je dois avouer que je ne lâchais pas des yeux le sol, de peur de mettre le pied sur une bestiole rampante. Mais finalement, c’est un autre type de bestiole qui a retenu mon attention : les chenilles. Il y en avait partout. Vraiment. Sur les troncs, sur les feuilles, par terre… et sur moi.

Invasion de chenilles
Invasion de chenilles!

Je croyais même qu’il pleuvait légèrement, jusqu’à ce que je me rende compte que le plouc plouc incessant que j’entendais n’était pas le bruit de gouttes d’eau, mais bien celui des chenilles tombant des arbres.

Donc en plus d’avoir peur des serpents, je me suis mise à examiner sans cesse mes vêtements et mes bottes pour y ôter les chenilles qui s’y étaient accrochées. Beurk.

Je suis éventuellement arrivée à la jonction du sentier menant vers la mine de mica Silver Queen. Ce sentier de 2,5 kilomètres ne fait pas partie de la Rideau Trail, mais il mène à quelques-uns des sites intéressants du parc provincial. L’endroit a longtemps été exploité pour ses gisements de mica (comme la portion de la Rideau Trail que j’ai parcouru la dernière fois) et la mine Silver Queen est sans doute l’un des vestiges les plus intéressants de cette époque. La mine à ciel ouvert faisait 40 mètres de profondeur, et il est possible d’y accéder via un conduit sous terre (malheureusement juste lors de visites guidées en juillet et août).

Mine Silver Queen
Malheureusement, pas de visite de mines aujourd’hui

Autour de la mine, on retrouve de vieux bâtiments et artéfacts datant de l’époque où le gisement était actif. Le bâtiment qui hébergeait les mineurs est toujours debout.

C’est d’ailleurs pendant que je faisais le tour du bâtiment que je l’ai aperçu. Long d’un mètre, écailles noires luisantes, corps se déplaçant lentement dans les herbes hautes… Mon cœur s’est arrêté pendant quelques secondes. Voilà, je venais de trouver mon premier serpent élaphe.

Black rat snake
Surprise dans les herbes

Tout comme moi, le serpent s’est arrêté de bouger et nous nous sommes dévisagés pendant quelques minutes. J’avais beau savoir que ce type de serpent n’est pas dangereux pour les humains, j’étais quand même paralysée par la peur. Valait-il mieux reculer lentement ou partir en courant? Un autre serpent, un tout petit serpent garter, s’est alors glissé près de mes bottes et j’ai décidé que partir en courant n’était peut-être pas une mauvaise idée.

J’ai croisé d’autres serpents garter sur le sentier. Après mon quatrième, et après avoir ôté une énième chenille de sur mes vêtements, j’étais prête à abandonner ma randonnée pour la journée.

Mais le soleil s’est pointé le bout du nez et la Rideau Trail s’est faite si belle que j’étais prête à tout lui pardonner. Au cours des kilomètres suivants, il y a eu encore beaucoup de chenilles, beaucoup de libellules, un renard, un cerf, des pic-bois et quelques écureuils, mais plus de serpents.

Parc provincial de Murphys Point
Quand le sentier est si beau qu’on en oublie les serpents

J’ai presque traversé le parc provincial de Murphys Point au complet. Je reviendrai dans quelques semaines, lorsque toutes les chenilles se seront transformées en papillons de nuit…

La suite: Big Rideau Lake

Mon parcours sur la Rideau Trail:

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