***Cet article fait partie de ma série d’articles sur ma longue randonnée sur la Rideau Trail dans l’est ontarien. Pour lire tous mes articles de cette série, cliquez ici.***
Dans mon dernier texte, j’ai décrit à quel point j’étais excitée de pouvoir enfin laisser la ville derrière moi pour m’enfoncer en territoire un peu plus sauvage. Je n’avais pas idée à quel point ce serait le cas.
Comme j’étais un peu enrhumée (les pieds mouillés de la semaine précédente n’ont sans doute pas aidé), j’ai décidé de faire un peu moins de kilomètres et de me concentrer à suivre la portion du sentier qui passe par Stony Swamp. J’ai repris la randonnée là où je l’avais laissée la dernière fois et après avoir suivi une piste cyclable passant près de Bells Corner, je suis arrivée à un endroit où la Rideau Trail quittait plutôt brusquement la piste cyclable pour s’enfoncer dans les hautes herbes et la forêt. Je faisais mon entrée dans Stony Swamp.

Stony Swamp (ou le Marécage rocailleux) fait partie de la Ceinture de verdure d’Ottawa. En fait, il s’agit sans doute de la zone protégée la plus importante de la capitale nationale. Elle héberge de nombreuses espèces végétales et animales, dont certaines rares. Et, comme son nom l’indique, Stony Swamp est un marécage au sol rocailleux qui date de l’époque précambrienne.
Stony Swamp compte plusieurs kilomètres de sentiers, mais mon premier kilomètre sur la Rideau Trail ne semblait suivre aucun d’entre eux. Le parcours étroit zigzaguait à sa guise pour s’enfoncer en plein cœur de la forêt et j’avoue que s’il n’y avait pas eu de triangles orange pour m’indiquer la voie à suivre, j’aurais été plutôt perdue. Surtout que les flaques d’eau sur le sentier (oui, ici aussi) compliquaient un peu le déplacement.
Mais ici, pas de bruits de circulation. La ville a beau n’être pas très loin, il n’y avait que le son du vent dans les arbres, des oiseaux et… des moustiques. Et il n’y avait personne. En une heure de marche, j’ai croisé un serpent et deux chevreuils (dont un qui a traversé élégamment le sentier à quelques mètres devant moi), mais pas un seul être humain.

La Rideau Trail m’a éventuellement ramenée à un sentier plus régulier de Stony Swamp. Mais là encore, pas un chat. Et, là aussi, beaucoup, beaucoup d’eau. J’ai été plutôt agile pour les premiers kilomètres, enjambant sans trop de problème les endroits inondés. Mais les nombreux moustiques sont venus rajouter un coefficient de difficulté. Impossible de rester sur place trop longtemps sans avoir l’impression d’être dévorée (non, je n’avais pas pensé à amener du chasse-moustique avec moi). Et les flaques d’eau ont pris de plus en plus de place sur le sentier. À un tel point que pour la deuxième fois en quelques kilomètres sur la Rideau Trail, je me suis retrouvée avec des chaussures complètement trempées.

Après avoir traversé la partie rocailleuse de Stony Swamp, je suis finalement arrivée à un trottoir en bois. Et j’ai réalisé que la raison pour laquelle je n’avais vu personne jusqu’à ce point dans Stony Swamp, c’est que la plupart des gens avait eu la présence d’esprit de rebrousser chemin en constatant la quantité d’eau qui les attendait sur le sentier au bout du trottoir en bois.

Mais moi, j’avais déjà les pieds mouillés donc les flaques d’eau ne me faisaient plus peur. J’étais même au point où les moustiques ne me dérangeaient (presque) plus. J’ai donc poursuivi ma randonnée. J’ai traversé la rue Old Richmond pour m’enfoncer dans une autre section de Stony Swamp. Il n’y avait personne là non plus. J’ai marché jusqu’à ce que j’atteigne un panneau m’indiquant que j’avais atteint le point des 30 kilomètres sur la Rideau Trail.
Juste à ce moment, j’ai détecté un mouvement dans les hautes herbes près du trottoir en bois sur lequel je me trouvais. J’ai d’abord pensé que l’animal dodu qui se baladait à moins d’un mètre de moi était un castor. Jusqu’à ce qu’il lève sa mignonne tête bordée d’épines pour me dévisager. C’était la première fois que je voyais un porc-épic d’aussi près.
J’ai alors décidé que les chevreuils, le serpent, le porc-épic et les moustiques m’avaient donné assez de divertissement pour ma courte randonnée sur la Rideau Trail. J’ai regagné ma voiture avec l’intention de reprendre ma randonnée là où je l’avais laissée un autre jour. Mais avant, je vais prendre le temps de soigner mon rhume. Et de m’équiper de bon chasse-moustique!

La suite: Richmond et les chemins de campagne
Mon parcours sur la Rideau Trail:
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