Bon d’accord, je sais, le canal Rideau n’est pas vraiment une attraction méconnue. Après tout, il est sans contredit l’un des sites touristiques les plus courus à Ottawa et des milliers de patineurs le prennent d’assaut l’hiver venu. À peu près tout le monde sait qu’il traverse l’Est ontarien du nord au sud, d’Ottawa à Kingston et qu’il revêt une grande importance historique pour la région.

Mais je crois que la présence du canal est un peu prise pour acquise. Même moi, habituellement férue d’histoire, j’ai maintes fois été y patiner sans me poser davantage de questions sur son histoire. Pourquoi a-t-il été construit? Par qui? Comment?
Comme j’avais depuis longtemps envie de faire un détour par Merrickville (l’un des villages qui bordent le canal), je me suis dit que c’était là une belle occasion pour en apprendre davantage sur l’histoire du canal Rideau.

La construction du canal a débuté vers 1826. Alors qu’on avait encore en tête la tentative d’invasion des Américains en 1812, on cherchait à créer une voie de contournement du fleuve Saint-Laurent, qu’on considérait trop près des frontières américaines. Un tracé entre Kingston (sur les rives du lac Ontario) et la rivière des Outaouais a été choisi, et c’est le colonel John By qui a été mandaté pour mettre sur pied le projet.
Mais ce ne fut pas une entreprise facile. Il fallait traverser une région encore sauvage, marécageuse et difficile d’accès. Près de 50% des travailleurs sont décédés de la malaria (oui, vous avez bien lu, de la malaria) pendant la construction. Mais le projet a tout de même été complété cinq ans plus tard, rendant possible la navigation sur cette voie de plus de 200 kilomètres de long.
La construction du canal a mené à la naissance de villes sur ses rives, comme Bytown, à son entrée est, nommée en l’honneur du colonel (et aujourd’hui Ottawa). Ironiquement, le colonel By a terminé sa vie en disgrâce, puisqu’il a dû comparaître devant la cour martiale en raison des dépassements de coûts importants du projet.

Le canal n’a finalement jamais été utilisé de façon militaire. Dans les années 30, le gouvernement a même jonglé avec l’idée de le fermer définitivement. Finalement, il fut décidé de le préserver, et ces efforts ont valu au site d’être reconnu comme patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007. Et pour cause: le canal est demeuré historiquement intact, même ses écluses doivent encore être activées à la main.
À Merrickville, l’héritage du canal est bien présent. Les maçons qui y ont travaillé ont laissé derrière eux de magnifiques maisons de pierres encore présentes aujourd’hui. On retrouve aussi sur les rives du canal un blockhaus militaire, construit pour défendre le canal en cas d’attaque (il y en a quatre en tout le long du canal, mais celui de Merrickville est le plus gros). Le blockhaus est maintenant un musée, qu’on peut visiter pour en apprendre plus sur la vie militaire de l’époque.
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