Il pleuvait à verse samedi, le genre de journée où il aurait fait bon rester à l’intérieur avec un bon livre et un bon café. Mais je m’apprête à prendre la route pendant quelques semaines pour le travail, donc c’était ma dernière opportunité de faire un peu de randonnée avant de partir. J’ai donc ignoré la pluie, j’ai mis mon meilleur imperméable et je me suis dirigé vers la réserve naturelle Alfred-Kelly à Prévost, dans les Laurentides.
La réserve naturelle Alfred-Kelly est gérée par Conservation de la nature Canada (CNC) et elle protège des escarpements rocheux qui abritent plusieurs espèces d’oiseaux, dont des espèces en péril comme le faucon pèlerin. La réserve porte le nom d’Alfred Kelly, un donateur passionné par l’ornithologie. On y trouve plus de 16 kilomètres de sentiers, qu’il est possible d’accéder, entre autres, près de la gare de Prévost.
À noter que comme il s’agit d’une réserve naturelle, les chiens, les vélos et les véhicules motorisés y sont interdits. Cliquez ici pour consulter la carte des sentiers.

Lac Paradis
Je me suis donc stationnée à la gare de Prévost sous la pluie battante et j’ai facilement trouvé l’accès à la réserve naturelle. J’ai rapidement consulté la carte à l’entrée du sentier pour décider du parcours que j’allais suivre. J’ai décidé que je me rendrais jusqu’au lac Paradis, puis que je suivrais le sentier pour me rendre jusqu’au sommet de l’escarpement. Rien qui ne me semblait trop compliqué.
Dès les premiers mètres, j’ai su que ce serait un sentier qui me plairait. Le sentier est typique de ceux qu’on retrouve dans la région des Laurentides : un sentier escarpé et rocheux, traversant une jolie forêt mixte. On commence en montant une série d’escaliers, puis le sentier continue à prendre un peu d’élévation, mais la montée se fait en douceur et permet de reprendre facilement son souffle.

En fait, ma plus grande difficulté était surtout la pluie battante qui tombait sans répit, rendant certaines sections du sentier plus glissantes (surtout les sections plus rocheuses). J’ai donc dû prendre mon temps et regarder où je mettais les pieds.
Après environ 1,5 kilomètre, je suis arrivée au lac Paradis.

Le lac Paradis est sans doute le joyau de la réserve naturelle. Et j’avoue avoir eu le souffle coupé lorsque je suis arrivée près de la rive. Même sous la température maussade, le lac et ses hautes falaises de calcaire sont impressionnants. Difficile de croire que le lac a été créé artificiellement dans les années 40 pour servir de réservoir en eau pour une école!
Les falaises de l’escarpement servent de lieu de nidification pour les faucons pèlerins. Sous la pluie battante, je doutais de mes chances d’apercevoir un faucon, alors j’ai poursuivi sur mon chemin. Un sentier fait le tour du lac, mais j’ai décidé d’emprunter un sentier identifié par les lettres JE, afin de pouvoir monter au sommet de l’escarpement.
L’escarpement
Le sentier JE met le cap vers le nord et semble traverser une bonne partie de la réserve naturelle (l’avoir suivi jusqu’au bout, il m’aurait menée jusqu’aux entrées de la réserve naturelle dans le secteur Piedmont). Mais après avoir suivi le sentier JE sur environ 1 kilomètre, je suis arrivée à un embranchement avec un sentier identifié par les lettres WN. Comme celui-ci semblait mener vers le sommet de l’escarpement rocheux, je l’ai suivi.
Ça semble impossible à croire, mais il s’est mis à pleuvoir encore plus fort. Et comme il faisait aussi chaud et humide, la montée soutenue vers le haut de l’escarpement a été un peu difficile. Je vous le jure que j’aurais pu croire être en train de faire de la randonnée dans une forêt tropicale, mais les nombreux pins m’ont rappelé que j’étais toujours au Canada.
Au fur et à mesure que je montais, je semblais aussi m’enfoncer dans un épais brouillard. Le brouillard donnait à la forêt un air lugubre, mais aussi vaguement surréel. Ça m’a rappelé une randonnée semblable, faite au mont Ulia en Espagne il y a deux ans, une randonnée pluvieuse qui avait finalement été l’une de mes préférées de toute l’année.

Je commençais à être un peu éreintée (et très mouillée) lorsque j’ai atteint un autre embranchement de sentier. En fait, les nombreux sentiers qui s’entrecroisent pourraient porter à confusion, mais comme on trouve des cartes à presque tous les embranchements, il est plutôt facile de savoir dans quelle direction se diriger.
Cette fois, j’avais l’option de suivre un sentier appelé L’Escarpement, sur lequel la carte semblait indiquer un point de vue. J’avais enfin presque atteint le sommet des falaises! J’avais plutôt hâte d’atteindre le point de vue, mais quand les arbres se sont dégagés un peu, j’ai plutôt eu droit à un paysage entièrement couvert par le brouillard…

Je suis donc redescendue un peu bredouille mais quand même fière d’avoir atteint l’objectif que je m’étais fixé. J’ai continué à suivre le sentier qui m’a éventuellement ramenée vers le lac. La descente a été plus difficile parce que le sentier était glissant et que beaucoup d’eau commençait à s’accumuler par endroits. Mais de peine et de misère, j’ai atteint le lac que j’ai longé jusqu’à retrouver mon sentier de départ.
Le mont Shaw
À ce point-là, même mon imperméable semblait avoir déclaré forfait et j’avais l’impression d’être complètement trempée de la tête aux pieds. Mais je dois être un peu masochiste, parce qu’avant de regagner le stationnement, je suis passée devant un panneau indiquant que le sommet du mont Shaw se trouvait à 850 mètres. Et comme j’ai une légère obsession pour les montagnes, je me suis dit que je ne pouvais pas rater l’occasion d’atteindre le sommet d’une montagne qui se trouvait si près.

J’ai donc décidé de faire ce court détour vers le sommet du mont Shaw. À 285 mètres d’altitude, ce n’est pas une très haute montagne, mais j’avais les jambes fatiguées, les pieds mouillés et une écœurantite aiguë de la pluie, donc le sentier de 850 mètres menant au sommet m’a semblé très, très long.
Mais je l’ai finalement atteint, et bien qu’il n’y ait aucun point de vue au sommet (seulement une pancarte pour indiquer la fin du sentier), j’ai vraiment profité du moment parce qu’il a arrêté de pleuvoir pendant TROIS minutes. Moment de pur bonheur.

Je suis redescendue vers la forêt dès que la pluie a recommencé et je suis revenue tranquillement, mais sûrement, à ma voiture qui m’attendait dans le stationnement de la gare de Prévost. En tout, ma randonnée a totalisé près de 10 kilomètres, avec un dénivelé de 412 mètres. Et la pluie et le brouillard n’ont rien ôté à ma joie de parcourir de nouveaux sentiers dans un endroit magnifique!
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