Avant de partir pour Taipei, je n’avais qu’une idée en tête : faire le plus de randonnées possibles à Taiwan. Malheureusement, je me suis rendu compte en arrivant que la chaleur accablante allait sans doute devoir m’obliger à changer mes plans un peu. Je me suis donc tournée vers des endroits qui me permettraient de faire de courtes randonnées pas trop éprouvantes et Maokong faisait partie du lot. Et comme il est possible d’accéder facilement à Maokong via un téléphérique (qui lui-même est accessible en métro), il n’y avait rien de plus facile de s’y rendre depuis Taipei.
Avant de raconter ma journée, il faut que je lance un avertissement. Le téléphérique vers Maokong est fermé les lundis (sauf le premier lundi du mois). Ne faites pas la même erreur que moi en prennant le métro jusqu’au bout de la ligne brune tôt le matin pour finalement vous rendre compte que le téléphérique est fermé pour la journée.
Donc, après m’être présentée sans succès au guichet du téléphérique le lundi matin, j’y suis revenue le lendemain à neuf heure tapant (heure de l’ouverture). J’ai payé mon billet avec ma carte de métro (la Easycard, vraiment très utile si vous séjournez à Taipei) puis me suis rapidement retrouvée dans une cabine au plancher vitré montant vers les montagnes de Maokong.

Maokong est une région située au sud de Taipei, réputée surtout pour ses plantations de thé. Le téléphérique de 4 kilomètres qui offre une vue imprenable sur les montagnes et Taipei a rajouté à la popularité de l’endroit auprès des touristes.
Mon plan pour la journée était plutôt simple. J’avais lu dans le guide Lonely Planet qu’il y avait une chute à voir dans les environs (la chute de la caverne Yinhe, 銀河洞瀑布). Je voulais donc trouver cette chute, explorer les environs, peut-être visiter le centre de recherche sur le thé si j’avais le temps et terminer la journée en sirotant un bon thé en contemplant le paysage.
Mais en débarquant du téléphérique, je me suis rendu compte que je n’avais aucune idée où aller. Le Lonely Planet mentionnait la chute, mais n’offrait pas d’indications sur comment s’y rendre. Et la carte à la sortie du téléphérique n’était pas très claire et ne semblait pas vraiment indiquer de présence de chute ou de sentier menant à la chute.
Et aucun panneau (en anglais du moins), n’indiquant l’entrée d’un sentier.
Un peu désemparée et à défaut de savoir où aller, j’ai décidé de me diriger vers le centre de recherche du thé, une petite marche d’une vingtaine de minutes qui m’a permis d’apprécier les vues offertes par la montagne.

Le centre était un peu décevant par contre. On en fait rapidement le tour et le jardin extérieur était fermé. Et j’avais de la difficulté à m’ôter de la tête cette randonnée que je voulais faire.
Je me suis assise à l’ombre près du centre afin de consulter internet sur mon téléphone. Il y avait bien quelques sites mentionnant la chute (dont un en parlant comme l’une des plus belles randonnées à Taipei) mais encore là, les instructions pour s’y rendre n’étaient pas très claires. Je me suis finalement tournée vers Google Maps qui, à ma grande surprise, m’a offert un itinéraire à suivre et une carte des sentiers. Je pouvais enfin commencer ma randonnée!
À partir de la station du téléphérique, Google Maps m’a fait prendre un sentier que j’avais mépris pour une entrée privée. Le sentier asphalté zigzague entre quelques maisons, passe près d’un cimetière bouddhiste et quelques plantations de thé avant de s’enfoncer en forêt, pour mon plus grand bonheur.

Je suis éventuellement arrivée près d’un autre champ de thé et Google Maps m’indiquait qu’il me fallait maintenant bifurquer vers la gauche. Sauf qu’il n’y avait aucun sentier à gauche, que ce vaste champ dans la montagne. J’ai jonglé pendant quelques minutes avec l’idée de piquer à travers le champ, puis me suis rappelée que Taiwan est reconnue pour ses serpents venimeux.
Donc, une fois de plus désemparée parce que je ne savais vraiment pas comment atteindre cette fameuse chute et comme je n’avais pas envie de continuer ma randonnée seule sans savoir dans quelle direction j’allais (surtout par cette chaleur torride), je suis revenue sur mes pas. Je suis repassée devant un embranchement qui indiquait un sentier menant vers le sommet du mont Erjiaoge (鵝角格) un kilomètre plus loin. Je me suis dit que plutôt que de revenir bredouille, je pouvais au moins atteindre le sommet de la montagne. Je suis donc partie dans sa direction.
Le sentier, plus étroit et plus sauvage que celui que je venais de quitter, était quand même assez facile à suivre. Il offrait quelques belles vues sur les montagnes environnantes et surtout, il me permettait enfin de m’évader pour la première fois en plein cœur de la jungle taiwanaise. Des papillons voletaient partout, des lézards se sauvaient à mon passage, les grillons et les oiseaux créaient une joyeuse cacophonie… et surtout, j’étais complètement seule.

Les derniers mètres du sentier étaient en pente plus abrupte avec des cordes attachées entre les arbres pour aider à la montée. La chaleur intense a rajouté un peu au coefficient de difficulté et je suis arrivée au sommet en sueur et le souffle court. Le sommet comme tel était plutôt décevant. Une borne indique son emplacement, mais la végétation trop dense empêche d’avoir une véritable vue des environs.

La descente a été plus lente, parce que je suis un peu plus craintive depuis ma fracture à la main le printemps dernier. Mais je suis éventuellement revenue au sentier principal, fière d’avoir atteint le sommet, mais encore un peu déçue de mon échec à trouver la chute. Assoiffée (j’avais vidé ma gourde d’eau pendant la randonnée) et les jambes courbaturées, je me suis dirigée vers la station du téléphérique avec l’intention de redescendre vers Taipei.
Avant de partir, j’ai consulté à nouveau la carte des environs afin de pouvoir retracer le chemin que je venais de parcourir. Et à mon plus grand désarroi, j’ai réalisé qu’à quelques mètres de l’endroit où Google Maps avait voulu me faire tourner, il y avait un sentier menant à ce qui pouvait peut-être être la chute… Ahrghh!!
Je suis allée m’acheter à boire et à manger et me rafraichir à l’air climatisé d’un dépanneur et tranquillement, parce que je suis un peu masochiste et très têtue, l’idée de retenter ma chance sur les sentiers a tranquillement fait son chemin. Je suis donc repartie, je suis repassée par le sentier asphalté qui zigzague entre quelques maisons, j’ai salué à nouveau le cimetière bouddhiste avant de me retrouver une nouvelle fois devant le champ de thé qui m’avait fait rebrousser chemin la dernière fois.

Je l’ai donc longé sur une centaine de mètres au-delà de l’endroit où Google Maps m’avait induite en erreur et là, comme par miracle, est apparu un embranchement et un panneau indiquant la voie à suivre vers la chute.
Je crois que je me suis presque mise à pleurer.
Si j’avais eu l’énergie de parcourir le reste du sentier en courant je l’aurais fait tant j’étais surexcitée. Le sentier va en pente descendante presque tout le long : premièrement le long du champ de thé, puis en forêt et ensuite le long d’une falaise rocheuse. Moins de 2 kilomètres plus loin, j’entendais distinctement le son d’une chute d’eau et au bas de plusieurs marches en pierre j’ai finalement atteint mon objectif.

La chute de la grotte Yinhe s’écoule près d’un temple construit à même le flanc de montagne. En passant par le temple, il est possible de marcher à l’arrière de la chute et d’avoir une vue imprenable sur le paysage en contrebas. Et, encore plus incroyable, j’étais presque seule, je n’y ai croisé qu’un couple qui a pris quelques photos avant de repartir.
Moment magique…

Il m’a fallu remonter toutes les marches que j’avais descendues afin de revenir au fameux champ de thé et ensuite à la station du téléphérique. J’étais épuisée et je sentais les premiers effets d’un coup de chaleur. Mais j’avais trouvé la chute Yinhe, en plus d’être montée au sommet d’une montagne et d’avoir exploré un endroit incroyable. J’allais pouvoir dormir en paix.
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