Je reviens tout juste d’un séjour solo de deux semaines à Taiwan où j’ai fait des randonnées magnifiques, rencontré des gens accueillants et trop mangé dans les marchés de nuit. Deux semaines, ce fut trop court pour découvrir cette petite île en entier, je me suis donc concentrée à en explorer le nord, en utilisant Taipei, la capitale, comme base. Et pourtant, je n’ai pas visité ce qui est sans doute le monument le plus célèbre de la nation : le gratte-ciel Taipei 101.
Il faut dire qu’avant même d’arriver à Taipei, je n’étais pas certaine que j’avais envie de visiter Taipei 101. Je n’aime pas particulièrement aller à un endroit seulement pour dire que j’y suis allée. Et il y avait tellement de choses que je voulais faire, voir et explorer en deux semaines et comme Taipei 101 m’intéressait plus ou moins, je ne voulais pas vraiment y consacrer du temps.
Mais (il y a toujours un mais!), Taipei 101 n’est pas n’importe quel édifice. De 2004 à 2010 (jusqu’à la construction du Burj Khalifa), il s’agissait du plus grand gratte-ciel au monde. Et, fait qui m’intéressait plus particulièrement, Taipei 101 a été conçu pour faire face aux tremblements de terre et aux typhons, dans une région où ces catastrophes naturelles ne sont pas inhabituelles.
Donc, lors de ma première journée à Taipei, en fin d’après-midi, alors que j’étais un peu lassée d’avoir passé toute la journée à marcher et à explorer la capitale et comme le décalage horaire commençait à se faire sentir, j’ai décidé que c’était peut-être le bon moment pour visiter Taipei 101. Ça m’apparaissait comme une parfaite visite non-compliquée pour conclure cette première journée et observer cette ville qui serait mon domicile pour les deux prochaines semaines.
J’ai donc sauté dans le métro et me suis dirigée vers le gratte-ciel (et comme l’édifice a une station de métro à son nom, il est donc plutôt facile de s’y rendre).

Il faut avouer que Taipei 101 est impressionnant de l’extérieur. L’architecture mélange les genres moderne et traditionnel, et rappelle les pagodes asiatiques (on compare même l’édifice à un pousse de bambou). Le gratte-ciel fait 101 étages (d’où son nom) et mesure 509 mètres de haut. Et maintenant que je me trouvais à sa base, je commençais à avoir plutôt hâte de me rendre à son sommet.
Pour y accéder, il faut passer par le centre d’achat à sa base, monter au 4e étage et là, entre quelques boutiques de luxe, se trouve l’endroit où on peut acheter les billets pour accéder à l’observatoire de Taipei 101.

J’ai décidé d’acheter mon billet à un guichet automatique. Petite surprise, le billet coûte 600 dollars taiwanais, soit l’équivalent de 25$ CAN. Ça peut paraître peu (monter au haut de l’Empire State Building ou du One World Observatory à New York coûte bien plus), mais comparativement à tout le reste à Taiwan, c’est un peu cher. Mais j’ai tout de même acheté mon billet pour une visite prévue trente minutes plus tard et j’ai visité les boutiques souvenirs en attendant patiemment le moment où je pourrais accéder à l’ascenseur.
Quand est venu le moment, j’ai présenté mon billet au garde de sécurité devant l’ascenseur, et il m’a gentiment fait remarquer que ce que je lui présentais était la facture, et non pas le billet. J’ai rapidement fouillé dans mes poches, regardé autour de moi, retracé mes pas… puis je suis revenue au guichet automatique où j’avais acheté mon billet. J’ai alors remarqué qu’il y était écrit, en lettres majuscules, « DO NOT FORGET TO TAKE YOUR TICKET », et que c’est exactement ce que j’avais fait. J’avais acheté mon billet, récupéré ma facture, mais complètement oublié de prendre mon billet. Billet qui n’était plus là, évidemment.
Ouais…
Il y avait une longue file d’attente au comptoir et je doutais de ma capacité à pouvoir négocier un remboursement d’un billet que j’avais perdu. M’acheter un autre billet ou pas? Je n’étais plus certaine que j’en avais envie…

Je suis donc repartie, fâchée contre moi-même et mon étourderie. Et comme je n’avais pas envie de repartir totalement bredouille, j’ai décidé de faire un arrêt à la prochaine station de métro, celle menant au mont Éléphant (en chinois: 象山 – Xiangshan). À défaut d’aller au sommet de Taipei 101, la montagne me permettrait au moins d’en apprécier la vue…
J’ai donc ignoré ma fatigue, la chaleur torride et la foule de touristes (ma frustration était une excellente source de motivation) et j’ai monté les marches menant à la plateforme d’observation au haut du mont Éléphant. Et de là, j’ai eu une vue formidable sur Taipei et son célèbre gratte-ciel. Le soleil couchant, le léger brouillard, les centaines de libellules voletant tout autour m’ont permis de vivre un moment magique. J’ai vite oublié mes 25$ perdus et ma visite ratée.

Et au final, comme la fois où je n’ai pas visité la Turning Torso de Malmö ou l’église Grundtvig à Copenhague, je me suis dit que cette non-visite ferait une bonne histoire…
Morale de cette histoire : lisez bien TOUTES les instructions sur les guichets automatiques. Et lorsque vous êtes fâchés, frustrés ou déprimés, monter au sommet d’une montagne est parfois un bon remède.
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