Visiter une ancienne prison est toujours une expérience assez particulière. L’atmosphère qui y règne est souvent oppressante, lugubre et triste. Les anciennes prisons nous rappellent toujours ce côté sombre de l’humanité, côté que l’on aimerait parfois mieux oublier. Mais les anciennes prisons sont aussi riches en histoire et nous permettent de nous rendre compte du chemin parcouru en ce qui a trait au traitement des prisonniers.
Le Eastern State Penitentiary à Philadelphie est une prison qui a eu une influence considérable sur le système carcéral américain et même mondial. Construite en 1829, la prison révolutionnait alors les méthodes d’emprisonnement. Plutôt que de mettre plusieurs prisonniers dans une même cellule, les prisonniers étaient placés dans une cellule individuelle et n’avait aucun contact avec les autres prisonniers. On espérait ainsi limiter la propagation des maladies, mais aussi faciliter la réforme des prisonniers. Chaque prisonnier avait donc sa cellule (avec une toilette à eau courante, une révolution pour l’époque) et une petite cour privée pour exercices. Lorsqu’un prisonnier quittait sa cellule, on lui couvrait la tête pour éviter qu’il soit reconnu par un autre prisonnier. Et les visites étaient interdites.

Comme je l’ai dit, on espérait ainsi permette une meilleure réforme des prisonniers. Moins de punitions, plus d’introspection. La façon de faire du Eastern State Penitentiary était si révolutionnaire que le pénitencier est devenu une véritable attraction touristique. Même l’auteur Charles Dickens l’a visité. Des centaines de prisons dans le monde ont été construites en utilisant le même système.
En 1913, le système d’isolement a toutefois été abandonné, puisqu’on commençait à manquer de place. Les cellules ont été modifiées pour qu’elles puissent accueillir deux prisonniers. On a permis les contacts entre les prisonniers (dans des équipes sportives par exemple) et on leur a permis de faire leur exercice quotidien dans une plus grande cour. La prison a été en fonction jusqu’au début des années 70.

Parmi les autres faits saillants, notons que le pénitencier a accueilli Al Capone pour quelques mois (et qu’il lui fut permis de décorer sa cellule avec des meubles luxueux) et qu’un chien ayant tué le chat du gouverneur fait partie des prisonniers notables (bien que dans les faits, le chien aurait été amené à la prison pour rehausser le moral des prisonniers). Il y a eu quelques tentatives d’évasion, mais un seul prisonnier a réussi à s’évader et à disparaître dans la nature.
Après sa fermeture, la ville de Philadelphie a jonglé avec l’idée de raser le pénitencier pour y construire un centre d’achat ou des appartements de luxe. Le Eastern State Penitentiary a été laissé à l’abandon pendant des années, jusqu’à ce que des citoyens réussissent à convaincre le maire de l’importance de préserver l’endroit.
Bref, ne vous laissez pas intimider pas son allure de château-fort impénétrable! La visite du Eastern State Penitentiary donne un peu froid dans le dos, mais elle est hautement intéressante!
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