Orléans a tout d’une banlieue typique. Maisons identiques qui s’alignent à perte de vue, grandes artères commerciales, trafic intense le matin et le soir… Pour moi qui ai passé ma jeunesse en campagne avec des espaces verts à perte de vue, la banlieue a toujours quelque chose d’un peu étouffant et déconcertant.
Mais bon, ça ne veut pas dire qu’une banlieue est un no man’s land quand vient le temps de découvrir des endroits qui valent la peine d’être visités. Les banlieues sont souvent les laissées-pour-compte du tourisme, mais ça ne veut pas dire qu’elles ne cachent pas quelques secrets bien gardés. Et pour me le prouver, je suis allée visiter pour la première fois l’île Petrie à Orléans.
L’île Petrie est en fait composée de plusieurs îles, situées sur la rivière des Outaouais, au nord d’Orléans. C’est un endroit plutôt populaire auprès de la population locale. On y trouve une plage assez achalandée l’été, des aires de pique-nique et quelques kilomètres de sentiers pédestres. L’hiver, l’endroit attire plusieurs pêcheurs sur glace. Mais au-delà de son attrait pour les amateurs de plein air, l’île Petrie et aussi un endroit géologiquement et naturellement intéressant.

L’île Petrie s’est formée sur des dépôts de sable laissés à la fin de la période glaciaire. Comme il s’agissait d’un endroit marécageux et humide, les îles étaient fréquentées par les Premières Nations car elles étaient un endroit idéal pour la pêche. Au 19e siècle, les îles sont devenues la propriété du capitaine écossais Archibald Petrie, qui leur a légué son nom. Les îles ont par la suite changé plusieurs fois de mains. Dans les années 50, on y a exploité une compagnie d’extraction de sable. Dans les années 60, les îles ont vu leur superficie considérablement diminuer lorsqu’on a construit le barrage Carillon plus bas sur la rivière. Finalement, c’est dans les années 80 que l’île Petrie est devenue une propriété publique et un organisme (Les amis de l’île Petrie), en assure désormais la protection et s’occupe du petit centre d’interprétation qu’on retrouve sur l’île.
L’île Petrie est habituellement inondée au printemps, créant donc un habitat humide particulier qui accueille une faune et une flore unique. L’Ontario a classé l’île comme étant une Aire d’intérêt naturel et scientifique. Bref, il s’agit de l’un des derniers endroits de la région pour découvrir à quoi ressemblait l’écosystème de la rivière des Outaouais avant le développement urbain de la capitale nationale.
Quand j’y suis allée, un matin au lendemain d’une tempête de neige, j’étais la seule sur les sentiers. Il n’y avait pas un son, que le bruit de mes pas, et quelques fois un oiseau. Difficile de croire à ce moment que j’étais à Orléans, à une dizaine de kilomètres seulement du centre-ville de la capitale du Canada. Ça m’a presque réconciliée avec la banlieue!